La bête noire
Cela va vous changer des Guêpiers.
Mon objectif était de voir des Martins-pêcheurs, ce soir.
Qui dit Martin-pêcheur dit rivière. J'étais donc au bord du Gardon,
quelques kilomètres en amont d'Alès, et ayant vu un Martin-pêcheur
passer (à toute allure, comme à son habitude), je me suis installé
à l'abri derrière un filet de camouflage.
Ma surprise a été grande de voir soudain surgir un Sanglier.
Il y a si longtemps que je désirais en photographier un.
Il s'est arrêté et a humé l'air un moment (le vent m'était favorable)
puis est passé finalement assez près de moi.
Il a continué son bonhomme de chemin, faisant son travail de sanglier.
Ce travail consiste précisément à exercer un odorat très fin pour
repérer le danger, mais aussi tout ce qui peut se mettre sous la dent.
De toute évidence, il y avait là quelque chose qui sentait bon
(une racine, un bulbe, un insecte ?),
qui a été repéré
et finalement consommé. Il était 20 h.30 environ. Si ce sanglier
fait comme cela toute la nuit, je comprends qu'il ait l'air bien gras.
Puis il a repris son chemin un instant interrompu,
remontant le cours de la rivière.
Selon l'avis d'un connaisseur, il s'agirait d'un mâle de deux ans,
de 50 kg environ. On devine ses défenses, sous sa lèvre supérieure.
On sait que l'eau ne lui fait pas peur. Il y en a si peu ici, l'été.
(Etienne a vu un jour un Sanglier qui traversait le lac d'Annecy à la nage,
qui est, je crois, le plus profond d'Europe !)
Peut-être a-t-il quand-même senti quelque chose d'inhabituel,
mais il n'a pas su quoi. Peut-on parler d'une rencontre ?
Souvent, l'animal apparaît au loin, puis on s'approche peu à peu de lui.
Cette fois, c'était le contraire.
Il s'est éloigné vers son destin de bête.
Cendras, 24 juillet 2011
(On peut agrandir les photos en cliquant dessus)